« La Loïe Fuller ». Estampes modelées en couleurs de Pierre Roche.
Evreux, Imprimerie Hérissey pour “les Cents Bibliophiles”, 1904 ; in 4°, monté sur onglets, demi maroquin citron à coins, dos lisse entièrement orné en long d’un décor doré et mosaïqué de maroquin rouge et lilas, tête dorée, couverture et dos conservés (S. David. Etui d’Alain Devauchelle).
12 000.00€
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Edition originale illustrée de 19 compositions gravées en relief et coloriées, dites “gypsotypies”, dont deux pour les plats de la couverture et une à pleine page. Le livre est imprimé à la chinoise, sur un seul côté de feuillets doubles collés ensuite entre eux afin d’éviter que l’empreinte des gravures n’apparaisse sur la page suivante. C’est la première utilisation du caractère italique dessiné par Georges Auriol, gravé et fondu par Peignot et fils. L’ouvrage est un hommage à Mary Louise Fuller, dite Loïe Fuller (1862-1928), danseuse d’origine américaine dont les spectacles ont enthousiasmé la génération symboliste et qui fut immortalisée par Toulouse-Lautrec en tableau, lithographie et dessins, la célèbre litho de Lautrec fait la couverture du premier volume de Maurice Joyant, consacré à la peinture de Toulouse-Lautrec (Floury, 1926). Elle utilisait d’immenses voiles de soie peinte, qu’elle faisait tournoyer et monter en nuages dans un savant jeu de lumières. Elles se produisit notamment aux Folies-Bergères et son style, tout à fait révolutionnaire et spectaculaire fut appelé “danse serpentine et lumineuse” ; les voiles, transparents, donnaient à son corps en mouvement un effet mystérieux, fascinant et séduisant. Elève de Rodin, Fernand Massignon dit Pierre Roche (1855-1922), sculpteur et céramiste de talent, est l’inventeur de ce nouveau procédé d’illustration. A. Coron, dans “Des livres rares depuis l’invention de l’imprimerie” (Paris, BNF, 1998, p. 284) donne la génèse de l’élaboration de ce procédé : “Dès 1892, Pierre Roche moula sur creux de plâtre des estampes qu’il coloriait ensuite au pinceau : ce qu’il appela des aquarelles estampées. Puis il eut l’idée de considérer la matrice de plâtre comme une gravure sur bois où étaient portées différemment l’encre et la couleur et où le papier humide comprimé à la main prenait à la fois teinte et modelé : ce fut la gypsographie. La fragilité du plâtre ne permettait que des petits tirages ; aussi le remplaça-t-il par du métal, qui donnait plus de raideur. C’est ce dernier procédé, la gypsotypie, qu’il appliqua pour la première fois, en 1904, à un livre : “La Loïe Fuller” de Roger Marx, où les estampes telles des médaillons s’intègrent à la typographie.” J.E. Bersier ajoute de son côté, dans son ouvrage “la gravure, les procédés, l’histoire” : “les effets ainsi obtenus sont des plus étonnants, bizarres et précieux à la fois, et tiennent tout autant de la sculpture que de la gravure”.Tirage unique limité à 130 exemplaires numérotés sur vélin (celui-ci le N°77, imprimé pour Léon Orosdi). Exemplaire d’une fraîcheur exceptionnelle pour un livre aussi fragile. Monté sur onglets, il s’ouvre parfaitement. Il ne porte pas d’ex-libris, mais provient de la bibliothèque Dubonnet (vente à Paris des 3, 4, 5 et 6 mars 1947).
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